Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/468

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prend le crucifix sur l’autel, le fait baiser aux paysans : « Allez, dit-il, vengez Dieu, allez tuer les impies. » Ces pauvres gens, égarés, marchent en armes sur Vannes ; il faut que la troupe, la garde nationale, leur ferment l’entrée de la ville ; on ne peut les disperser qu’en tirant sur eux ; une douzaine restent sur la place.

Tout cela aux approches de Pâques. On attendait curieusement si le roi communierait avec les amis ou les ennemis de la Révolution. On pouvait déjà le prévoir, il avait éloigné le curé de la paroisse, qui était assermenté ; les Tuileries étaient pleines de prêtres non conformistes. Ce fut entre leurs mains qu’il communia, le dimanche 17 avril, en présence de La Fayette, qui lui-même au reste donnait chez lui le même exemple, ayant dans sa chapelle un prêtre réfractaire pour dire la messe à Mme de La Fayette. La communion du roi avait cela de hardi qu’elle se faisait en grande pompe, qu’on obligeait la garde nationale d’y assister, de porter les armes au grand aumônier, etc. Un grenadier refusa positivement de rendre cet hommage à la contre-révolution. Le district des Cordeliers l’en remercia le soir, et, par une affiche, « dénonça au peuple français le premier fonctionnaire public comme rebelle aux lois qu’il a jurées, autorisant la révolte ».

Cela n’était que trop exact. La cour avait besoin d’un scandale et désirait une émeute pour constater devant l’Europe la non-liberté du roi. Cette émeute projetée depuis longtemps (selon La Fayette), retar-