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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/506

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avait eu l’idée malheureuse de dire qu’un trésor allait passer, qu’ils étaient là pour l’escorter. Dans un moment où l’on accusait la reine de faire passer de l’argent en Autriche, c’était irriter les esprits, tout au moins éveiller l’attention.

Choiseul occupait le premier poste, trois lieues plus loin que Châlons ; il avait quarante hussards, avec lesquels, dit Bouillé, il devait assurer le passage du roi, fermer après lui la route à tout voyageur. Si le roi était arrêté à Châlons, il devait l’en dégager par la force. Ceci ne se comprend guère ; ce n’est pas avec quarante cavaliers qu’on vient à bout d’une telle ville ; combien moins si toutes les campagnes d’alentour se mettaient de la partie !

En effet, le paysan s’ennuyait de voir ces hussards sur la route ; il venait en foule et les regardait. On y venait de Châlons même ; on se moquait du trésor ; tout le monde comprenait très bien de quel trésor il s’agissait. Le tocsin commençait à sonner dans ces villages. La position de Choiseul n’était pas tenable. Il calcula, par le retard de quatre ou cinq heures, que la partie était manquée, que le roi n’avait pu partir ; fût-il parti, rester sur cette roule, augmenter l’inquiétude de tout ce peuple assemblé, c’était empêcher le passage ; les hussards une fois éloignés, ces gens se dispersaient, le chemin devenait libre. Choiseul se décida à quitter le poste. Le secrétaire de la reine, Goguelat, officier d’état-major, qui était là avec lui et qui avait été employé à préparer tout sur la route, avertit Choiseul d’éviter Sainte-Menehould,