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première fois, évoqués du fond de leurs glaces au nom inouï de la liberté, ils partiront, comme les rois mages et les bergers de Noël, voyant clair en pleine nuit, suivant sans pouvoir s’égarer, à travers les brumes d’hiver, une lueur de printemps et l’étoile de la France.

Dès longtemps les quatorze villes de Franche-Comté, inquiètes entre les châteaux et les pillards qui forcent et qui brûlent les châteaux, se sont unies à Besançon, se sont promis assistance.

Ainsi, par-dessus les désordres, les craintes, les périls, j’entends s’élever peu à peu, répété par ces chœurs imposants dont chacun est un grand peuple, le mot puissant, magnifique, doux à la fois et formidable, qui contiendra tout et calmera tout : « la fraternité ».

Et à mesure que les associations se forment, elles s’associent entre elles, comme dans les grandes farandoles du Midi, chaque bande de danseurs qui se forme donne la main à une autre, et la même danse emporte des populations entières.

Ici éclate, par une double initiative, le grand cœur de la Bourgogne.

Dès le fond même de l’hiver, dans la rareté des subsistances, Dijon invite toutes les municipalités de Bourgogne à aller au secours de Lyon affamé[1].

Lyon a faim, et Dijon souffre… Ainsi ces mots de fraternité, de solidarité nationale, ne sont pas des

  1. Archives de Dijon. Je dois cette communication à l’obligeance de M. Garnier.