Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/93

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mots, ce sont des sentiments sincères, des actes réels, efficaces.

La même ville de Dijon, liée aux confédérations de Dauphiné et de Vivarais (elles-mêmes en rapport avec celles de Provence et Languedoc), Dijon invite la Bourgogne à donner la main aux villes de la Franche-Comté. Ainsi l’immense farandole du Sud-Est, liant et formant toujours de nouveaux anneaux, avance jusqu’à Dijon, qui se rattache à Paris.

Tous sortant de l’égoïsme, tous voulant du bien à tous, tous voulant nourrir les autres, les subsistances commencent à circuler facilement, l’abondance se rétablit ; il semble que, par un miracle de la fraternité, une moisson nouvelle soit venue en plein hiver.

Nulle trace dans tout cela de l’esprit d’exclusion, d’isolement local, qu’on désigna plus tard sous le nom de fédéralisme. Ici, tout au contraire, c’est une conjuration pour l’unité de la France. Ces fédérations de provinces regardent toutes vers le centre, toutes invoquent l’Assemblée nationale, se rattachent à elle, se donnent à elle, c’est-à-dire à l’unité. Toutes remercient Paris de son appel fraternel. Telle ville lui demande secours. Telle veut être affiliée à sa garde nationale. Clermont lui avait proposé en novembre une association générale des municipalités. À cette époque, en effet, sous la menace des États, des parlements, du Clergé, les campagnes étant douteuses, tout le salut de la France semblait placé dans une ligue étroite des villes. Grâce à Dieu, les grandes fédérations résolurent mieux la difficulté.