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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/109

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nonçaient pas sous un aspect mâle et sévère. Le courage d’esprit manquait. L’initiative du génie ne fut alors chez personne ; je n’excepte pas Mirabeau, malgré son gigantesque talent.

Les hommes d’alors, il faut le dire aussi, avaient déjà immensément écrit, parlé, combattu. Que de travaux, de discussions, d’événements entassés ! que de réformes rapides ! quel renouvellement du monde !… La vie des hommes importants de l’Assemblée, de la presse, avait été si laborieuse qu’elle nous semble un problème ; deux séances de l’Assemblée, sans repos que les séances des Jacobins et autres clubs, jusqu’à onze heures ou minuit ; puis les discours à préparer pour le lendemain, les articles, les affaires et les intrigues, les séances des comités, les conciliabules politiques… L’élan immense du premier moment, l’espoir infini, les avaient d’abord mis à même de supporter tout cela. Mais enfin l’effort durait, le travail sans fin ni bornes ; ils étaient un peu retombés. Cette génération n’était plus entière d’esprit ni de force ; quelque sincères que fussent ses convictions, elle n’avait pas la jeunesse, la fraîcheur d’esprit, le premier élan de la foi.

Le 22 juin, au milieu de l’hésitation universelle des politiques, Madame Roland n’hésita point. Elle écrivit et fit écrire en province, pour qu’à l’encontre de la faible et pâle adresse, les assemblées primaires demandassent une convocation générale : « Pour délibérer par oui et par non s’il convient de conserver au gouvernement la forme monarchique. »