tume, ceint de l’écharpe tricolore, était là comme un général au milieu des masses armées. C’était par lui que l’Assemblée, fort résolue dans ce jour et présidée alors par un jeune colonel, Charles de Lameth, remuait la force militaire. Le savant, l’académicien, l’homme éminemment pacifique, se voyait, si tard dans la vie, poussé à être le héros involontaire de cette triste guerre entre citoyens qui menaçait d’éclater. Confiant, infiniment sensible à la popularité, faible du souvenir de 1789 et voulant toujours être aimé, il n’était propre en aucun sens à devenir le chef de la résistance. On parlemente avec lui, on lui dit qu’on veut seulement parler à Pétion et Robespierre. Il résiste un peu, mollit, permet enfin le passage pour six hommes seulement. Les deux députés avertis viennent au passage des Feuillants ; mais, disent-ils, il est trop tard, le vote est porté.
La foule irritée reflue de l’Assemblée par tout Paris, ferme les théâtres en signe de deuil. L’Opéra seul résista et joua sous la protection des baïonnettes. À un autre théâtre, ce fut le commissaire de police qui lui-même pria de fermer, craignant une collision. L’autorité était flottante, peu d’accord avec elle-même ; La Fayette aurait agi, mais il ne pouvait le faire sans autorisation du pouvoir municipal, et Bailly ne voulait rien prendre sous sa responsabilité. On avait arrêté Virchaux, l’un des meneurs du Champ de Mars, à l’entrée de l’Assemblée ; il se réclama de Bailly qui avait permis le