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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/181

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Visiblement, on craignait de rencontrer juste. On aimait mieux frapper à côté.

Le lendemain, lundi 18, l’Assemblée, fort peu nombreuse (en tout deux cent cinquante-trois membres), écouta le rapport du maire de Paris. Ce rapport était un extrait de celui qui avait été fait le soir à l’Hôtel de Ville, extrait peu fidèle. Il est probable que les royalistes avaient bien travaillé le bonhomme dans la nuit, l’avaient encouragé à se compromettre, décidé à prendre une part de la responsabilité qui, véritablement, ne devait pas porter sur lui. Ici l’affaire n’est plus un désordre, comme dans le rapport primitif ; c’est une juste répression. Le nouveau rapport s’attache à faire croire que le massacre a été provoqué, et pour cela il rapproche deux choses fort éloignées et parfaitement distinctes, l’assassinat du matin et le carnage du soir ; le premier, commis à sept heures par la populace du Gros-Caillou ; le second, exécuté douze heures après sur des gens qui la plupart ne savaient pas même ce qui s’était fait le matin.

Mais, dans cette séance même, où le président, Charles de Lameth, félicite Bailly sans regret sur le sang versé, où Barnave, se battant les flancs, donne le coup de trompette pour célébrer la victoire ; à ce moment de triomphe, les vainqueurs voudraient avancer ; d’eux-mêmes, ils ont peur, ils reculent. Au premier mot pour profiter de l’avantage, ils trahissent leur hésitation. Regnault de Saint-Jean-d’Angely voulait que l’Assemblée votât trois