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de la loi l’accès de l’autel, elle leur laissait toujours ouverte l’église qu’ils avaient voulu quitter, leur permettait d’y dire la messe, de sorte que les ignorants, les simples, les esclaves de l’habitude ne fussent point troublés de scrupule et pussent chaque matin entendre leur prêtre maudire la loi qui le payait et la trop clémente Assemblée.

Il faut le dire, les prêtres citoyens montrèrent, pendant longtemps, à l’égard de ceux qui prêchaient contre eux l’émeute et le meurtre, une patience plus qu’évangélique. Non seulement ils leur ouvraient l’église, mais partageaient avec eux les ornements, les vêtements sacerdotaux. Le savant et modeste d’Expilly, évêque de Quimper, les encouragea lui-même à continuer le culte. Grégoire, à Blois, les couvrait d’une protection magnanime. Un autre évêque, nous le verrons tout à l’heure, les défendit à l’Assemblée législative avec une admirable charité. Un de ces vrais prêtres de Dieu écrivait, le 12 septembre, pour prévenir les mesures de rigueur que l’on craignait dans l’Ouest : « Les plaies de la religion saignent… Point de violence, je vous prie. La douceur et l’instruction sont les armes de la vérité. »

Ces vertus devaient être inutiles. Il fallait que l’opposition des deux systèmes apparût dans tout son jour. Quelle que soit l’élasticité du christianisme à suivre extérieurement les formes de la liberté, son principe intime, immuable, c’est celui de l’autorité. Le fond du fond, en sa légende, c’est la liberté per-