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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/226

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fois dans les landes et dans les bois de l’Ouest… Et elle se renouvelait avec un surcroît d’horreur. Ils tremblaient, ces hommes simples, que le pauvre mort, ainsi mis en terre par des mains laïques et sans sacrement, ne fût à jamais perdu pour l’éternité, et que par delà cette nuit ne s’ouvrît pour l’âme infortunée la nuit de la damnation.

Qui accuser de ces horreurs ? La dureté de la loi ? L’intolérance de l’Assemblée ? Nullement. Elle n’avait imposé aucun sacrifice des croyances religieuses.

Non, ce n’est pas l’intolérance qu’on peut reprocher à cette grande Assemblée. Ce qu’on doit blâmer en elle, c’est d’avoir, en donnant la loi, négligé tous les moyens d’éducation, de publicité, qui pouvaient la faire comprendre, qui pouvaient dans l’esprit des populations, dissiper la nuit d’ignorance, de malentendus, qu’on épaississait à plaisir, éclaircir les fatales équivoques qui furent partout l’arme du clergé.

Le plus ordinaire était de confondre les deux sens du mot constitution, de supposer que le serment d’obéissance à la constitution de l’État était un serment religieux d’obéir à la constitution civile du clergé. En confondant habilement les deux choses, le clergé accusait l’Assemblée d’une barbare intolérance. Aujourd’hui encore, beaucoup de personnes ne savent pas distinguer et font de ce mot mal compris un grief essentiel contre la Révolution.

Les paysans de la Vendée et des Deux-Sèvres