un système d’éducation. Je parle, on le comprend assez, de l’éducation des hommes, autant et plus que de celle des enfants.
L’Assemblée constituante, dernière expression du dix-huitième siècle et dominée comme lui par une tendance abstraite et scolastique, s’est trop payée de formules et n’a pas eu notion de tous les intermédiaires qui séparent l’abstraction de la vie. Elle a toujours visé au général, à l’absolu ; elle a été dépourvue entièrement de cette qualité essentielle du législateur que j’appellerais volontiers le sens éducatif. Ce sens donne l’appréciation des degrés, des moyens variés, par lesquels on peut rendre la population apte à recevoir la loi. Sans ces moyens préalables, celle-ci ne fait que révolter les âmes ; la loi ne peut rien sans la foi, elle la suppose. Mais la foi, qui la sème, la prépare et la fait d’avance ? C’est l’éducation.
Qu’il me soit permis de reproduire ici ce que j’ai dit et imprimé dans mon Cours (3 et 10 février 1848) : « Nos législateurs regardèrent l’éducation comme un complément des lois, ajournèrent à la fin de la Révolution cette fondation dernière ; c’était justement la première par où il fallait commencer. — Le symbole politique, la Déclaration des droits étant une fois posé, il fallait, pour base aux lois, mettre dessous des hommes vivants, faire des hommes, fonder, constituer le nouvel esprit par tous les moyens différents, assemblées populaires, journaux, écoles, spectacles, fêtes, augmenter