Aller au contenu

Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/229

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la Révolution dans leur cœur, créer ainsi dans tout le peuple le sujet vivant de la loi, en sorte que la loi ne devançât pas la pensée populaire, qu’elle n’arrivât point, comme une étrangère, inconnue et incomprise, qu’elle trouvât la maison prête, le foyer tout allumé, l’impatiente hospitalité des cœurs prêts à la recevoir.

« La loi n’étant nullement préparée, nullement acceptée d’avance, sembla, cette fois encore, comme les anciennes lois qu’elle remplaçait, tomber durement d’en haut. Cette loi, tout humaine qu’elle fût, se présenta comme un joug, une nécessité, aux populations surprises. Elle voulut entrer de force dans un terrain où elle n’avait pas préalablement ouvert le sillon ; elle resta à la surface. »

Non seulement elle resta stérile, mais elle opéra justement le contraire de ce qu’elle se proposait. Non seulement il n’y eut pas d’éducation, mais il y eut une contre-éducation, une éducation en sens inverse, qui eut deux effets déplorables :

Ces âmes crédules, effarouchées par les terreurs du monde à venir, devinrent inhumaines, en proportion de leurs craintes. Elles s’endurcirent, comptèrent pour rien la vie de l’homme, l’effusion du sang. La mort ! ce n’était pas assez pour se venger d’un ennemi qui faisait courir aux âmes la chance d’un enfer éternel !

Puis l’exaltation fanatique, qui semblait devoir rendre les consciences scrupuleuses et méticuleuses, eut, au contraire, l’effet bizarre de leur ôter tout