Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/23

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Prudhomme (Révolutions de Paris) donne très bien l’attitude du peuple. « Tous les regards se portaient sur la salle de l’Assemblée. Notre roi est là-dedans, disait-on, Louis XVI peut aller où il voudra… » Si le président de l’Assemblée eût mis aux voix dans la Grève, aux Tuileries, au Palais d’Orléans, le gouvernement républicain, la France ne serait plus une monarchie. »

« Le nom de la république, écrit Madame Roland dans une lettre du 22 juin, l’indignation contre Louis XVI, la haine des rois, s’exhalent ici de partout. »

Des témoins aussi passionnés peuvent paraître suspects. Mais je trouve à peu près les mêmes choses dans la bouche d’un étranger, d’un froid observateur, peu favorable à la France, peu à la Révolution ; je parle du Genevois Dumont, pensionné de l’Angleterre : « Ce peuple sembla inspiré d’une sagesse supérieure. Voilà notre grand embarras parti, disait-il gaiement. » Et encore : « Si le roi nous a quittés, la nation reste ; il peut y avoir une nation sans roi, mais non un roi sans nation. »

Ce qui est fort significatif, c’est que trois maisons du chapitre de Notre-Dame, vendues le 21 juin, furent portées à un prix très élevé et gagnèrent environ un tiers au delà de l’estimation.

Voilà pour Paris. Quelle fut l’impression des départements ? On le verra tout à l’heure, quand nous raconterons le retour de Varennes. Il suffit