Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/242

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France durable, moins brillante et moins inquiète, mais solide, la France en soi. Nous changeons, elle ne change pas. Ses races sont les mêmes depuis bien des siècles ; ses idées semblent les mêmes ; ce qui est plus vrai, c’est qu’elles avancent par un travail insensible et latent, comme se fait tout changement dans les grandes forces de la nature, non surexcitées par la passion qui use et dévore. Cette France, dans cent ans, dans mille ans, sera toujours entière et forte ; elle ira, comme aujourd’hui, songeant et labourant sa terre, lorsque depuis longtemps nous autres, population éphémère des villes, nous aurons enfoui dans l’oubli nos systèmes et nos ossements.


Un mot, un dernier mot sur l’Assemblée constituante. Nous l’avions presque oubliée. Elle semble, en ses derniers moments, s’oublier, s’abandonner elle-même.

Elle déclare ajourner les deux fondations profondes, essentielles, sans lesquelles son œuvre politique reste en l’air, branlante, prête à choir demain : l’Éducation, — la Loi civile.

Elle n’ose prendre aucun parti à l’égard des prêtres et n’écoute même pas le rapport, instructif et sage, que ses commissaires viennent lui faire sur la Vendée. Elle fait contre le pape ce que nos rois ont fait plusieurs fois : elle réunit Avignon (13 septembre). Nous y reviendrons tout à l’heure.

Dans son avant-dernière séance (29 septembre),