pour la guerre. Les Jacobins (du moins la plupart d’entre eux, les meneurs) furent partisans de la paix.
Non, ni la presse ni les clubs n’eurent l’influence principale dans ce mouvement immense, tout naïf et tout spontané. S’il fut puissant, ce fut surtout chez le peuple qui ne lit pas, dans les populations dispersées, isolées par la nature de leurs travaux. Tous le trouvèrent en eux-mêmes, dans le sentiment de leur dignité nouvelle, dans leur jeune foi. La pensée qui roulait dans les carrefours des villes, elle surgit aussi du sillon, elle se retrouva la même dans le labour solitaire, et là, peut-être n’ayant à qui s’exprimer, elle couva avec plus de force. Elle alla toujours fermentant, à mesure que les travaux cessèrent, et qu’on commença, vers novembre, à se rassembler souvent sous les porches de l’église ou bien le soir aux veillées. Quand on avait parlé deux fois, trois fois de ces choses, tel jeune homme disparaissait, puis tel autre. Ils s’en allaient, malgré la saison, sur la neige, se faire inscrire au district, pour partir le plus tôt possible. « Pas d’armes », leur disait-on. Ils revenaient alors et se mettaient à en faire. En janvier 1792, un district de la Dordogne députa à l’Assemblée pour déclarer qu’il avait forgé trois mille piques et qu’il ne comprenait pas qu’on ne le fît pas partir.
Ainsi l’automne, ainsi, l’hiver roula par toute la France, contenu et comme à voix basse, un gigantesque Ça ira ! Chant vraiment national qui, chan-