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Les politiques disaient : « Attendons, la situation intérieure n’est pas assez sûre… » Et les militaires disaient : « Attendons, formons une armée ; on ne fait pas la guerre avec des hommes, mais bien avec des soldats… »

L’Assemblée constituante, qui rétablissait le roi et tâchait d’apaiser les rois, n’avait garde d’écouter le mouvement populaire. Elle eût craint ses défenseurs tout autant que l’ennemi. Le 21 juin, au jour du péril, elle avait décrété la levée de trois cent mille gardes nationaux ; mais, dès le 23 juillet, elle les réduisit à quatre-vingt-dix-sept mille. Ce nombre l’effrayant encore, elle prit un bon moyen pour le réduire, ce fut de renvoyer aux directoires de département le soin et la dépense d’équiper ceux qui ne pouvaient le faire eux-mêmes (4 septembre). Le 8, le ministre écrivit à l’Assemblée qu’il n’avait d’armes que pour les quarante-cinq mille volontaires qu’on envoyait à la frontière du Nord, et ceux-là mêmes en obtenaient à grand’peine. Ils ne trouvaient à la frontière ni vivres ni gîtes. Les officiers aristocrates se moquaient de leur misère, de leur triste équipement ; les bretailleurs les défiaient ; en certains lieux, on parlait de mener des régiments contre eux, de les écharper.

La Législative elle-même montra beaucoup de lenteur ; elle ne se fit donner un projet d’organisation pour les volontaires que le 22 novembre, et ne rendit son décret que le 28 décembre.

Ces retards, qui semblaient prudents, étaient d’une