fraternelle, l’abnégation et l’humilité. On vit à Caen le curé constitutionnel offrir de servir la messe au réfractaire, et celui-ci, abusant de l’humilité de son rival, le tenir ainsi à ses pieds, le montrer avec insolence, donner cet acte chrétien comme une pénitence, une expiation.
Les prêtres réfractaires, étroitement liés avec le roi, avec l’émigration, avec les nobles non émigrés, avec les magistrats constitutionnels et fayettistes qui avaient pour eux d’infinis égards, tenaient le haut du pavé. Leur attitude était celle d’un grand parti politique, et elle ne trompait pas. Ils étaient, en réalité, le cœur et la force, toute la force populaire de la contre-révolution.
Redoutables dans les campagnes, ils étaient faibles à Paris. Paris ruiné par le départ des nobles et des riches, Paris sans travail ni ressources, à l’entrée d’un cruel hiver, imputait l’interminable durée de la Révolution à la résistance des prêtres. Il commençait à les regarder comme des ennemis publics. Le faubourg de la famine, le pauvre quartier Saint-Marceau, perdit le premier patience. On attendit aux portes d’un couvent, pour les insulter, les dévotes qui allaient aux sermons des réfractaires. La municipalité réprima ces désordres, en exigeant toutefois que le culte réfractaire eût lieu dans les églises ordinaires, et non dans les chapelles des couvents, que l’imagination du peuple envisageait comme les mystérieux foyers de la contre-révolution. Le directoire du département, au contraire,