Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/283

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crient : « Vive Sa Majesté ! » Dans un discours touchant, habile, ouvrage de Duport-Dutertre, le roi énumérait les lois nouvelles que l’Assemblée allait donner à la France, dans l’esprit de la constitution. Il supposait la Révolution finie. Mais lui-même, comme roi des prêtres, comme chef volontaire ou involontaire de l’émigration, de tous les ennemis de la France, il était justement l’obstacle contre lequel la Révolution devait poursuivre sa lutte, si elle ne voulait périr.

L’Assemblée, toute jeune encore, ne s’expliquait pas bien ceci ; elle ne prévoyait rien de ce qu’elle allait faire elle-même. Elle fut émue, tout entière, quand le président, Pastoret, faisant allusion à un mot du roi qui disait avoir besoin d’être aimé : « Et nous aussi, nous avons besoin, Sire, d’être aimés de vous. »

Même impression le soir, au théâtre où le roi alla avec sa famille ; il fut applaudi par les hommes de tous les partis, et beaucoup pleuraient. Lui-même versa des larmes.

Les faits sont les faits cependant ; les difficultés de la situation restaient tout entières. Le rapport, sage et modéré, de MM. Gallois et Gensonné, sur les troubles religieux de la Vendée, fit, par sa modération même, une impression profonde (9 octobre). Nul soupçon d’exagération. Le rapport avait été écrit, en grande partie, sous l’inspiration d’un politique très clairvoyant, le général Dumouriez, qui commandait dans l’Ouest, homme d’autant plus tolérant, qu’il