Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/304

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tellement quellement cette armée, il est bien visible que, loin de profiter du pillage, comme on le leur a reproché, ils durent faire, la plupart, des sacrifices personnels, et combattre de leur fortune aussi bien que de leur vie.

Ils partirent en plein janvier, Patrix et Mainvielle en tête, celui-ci sur un fougueux cheval blanc, qui semblait souffler la victoire. Toutes les femmes sur les portes, les dames aux fenêtres, regardant défiler cette armée bizarre, mêlée d’hommes de toutes sortes ; fort peu d’uniformes ; tel brillant, tel en guenille. Beaucoup de sourires aux fenêtres et de blancs mouchoirs agités, peu de vœux sincères.

Le 20, près de Carpentras, l’armée rencontra les magistrats français d’Orange, qui, par humanité, peut-être aussi par sympathie pour la vieille aristocratie, essayaient d’intervenir. Il était bien tard. Mainvielle s’opposa à la conférence avec beaucoup de hauteur, d’impatience ; il brûlait d’en venir aux mains.

À peine en vue de Carpentras, on mit les canons en batterie et l’on tira quelques coups. Mais voici que, du Ventoux, descendent des nuages noirs, le vent, la pluie et la grêle, une pluie froide et glacée, une grêle acérée, violente. Ces bandes peu aguerries, gens de ville pour la plupart, commencent à s’étonner. Ils courent chercher des abris et finissent par tomber dans un désordre complet. Ce n’est point un rapide orage d’été, c’est une longue tempête d’hiver ; les plaines sont inondées, les torrents grossis. Peu à