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Avignon que vers le milieu de novembre, si longtemps après le crime !

Le retard était visiblement calculé par la cour dans l’idée et dans l’espoir d’une réaction papiste, qui ferait croire à l’Assemblée que le peuple d’Avignon ne voulait point être français.

Dans tous les malheurs de l’époque, on retrouve comme cause principale l’inertie calculée de la cour et du ministère.

Qui accuser encore des désastres de Saint-Domingue, sinon la réaction, et Malouet, et Barnave ? Ne résultaient-ils pas de l’ajournement arbitraire des décrets libérateurs ?

Mêmes retards dans l’organisation des volontaires qui allaient à la frontière.

Le 29 octobre, l’Assemblée manda le ministre Duportail et le somma de s’expliquer sur ce dernier point. Il répondit assez brusquement « qu’il avait donné des ordres ». Était-ce assez pour décharger sa responsabilité ? Ne devait-il pas encore surveiller l’exécution ? On allègue, en faveur de Louis XVI et de ses ministres, que, dans l’affaiblissement du pouvoir, dans le relâchement de tout lien hiérarchique, la volonté la plus sincère donnait peu de résultats. Il est bien permis de douter de cette bonne volonté, quand la simple acceptation des décrets les plus urgents, sans autre peine que de prendre la plume et signer Louis, entraînait de longs retards, souvent n’était décidée que par les plaintes menaçantes qui s’en faisaient dans l’Assemblée.