Aller au contenu

Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/352

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

verra de plus en plus, que dans la question religieuse. Dieu seul sait trancher de tels nœuds. C’est dans un changement profond des cœurs, des idées, des doctrines, dans le progrès des volontés, dans l’éducation douce et tendre qui ramène l’homme à sa meilleure nature, que se font les vrais changements. Des lois coactives y font peu. Si le vrai concile de l’époque, l’Assemblée, ne voulait pas toucher au dogme, elle pouvait du moins, dans une question de discipline, le mariage des prêtres, amener à la nature, à la douce humanité, à l’esprit nouveau, une grande partie de ses adversaires. Elle ne s’expliqua pas nettement sur cette question si grave, qui lui fut présentée le 19 octobre, et dès lors elle s’ôta la plus forte prise qu’elle eût eue sur le clergé.

Isnard avait droit d’invoquer la loi contre les factieux, contre le prêtre rebelle qui voulait du trouble et du sang ; mais, dans son emportement, il semblait près de confondre le crime avec l’innocence. « S’il existe des plaintes, le prêtre rebelle doit sortir du royaume. Il ne faut pas de preuves contre lui, car vous ne le souffrez que par un excès d’indulgence. »

Terrible ivresse ! qui lui faisait, au nom du droit, oublier le droit et le juste. Tous la gagnaient en l’écoutant. L’Assemblée parut tout obscure, les ténèbres s’épaissirent, quand ce furieux fanatique se mit à crier : « Les factieux, je les combattrai tous ; je ne suis d’aucun parti. Mon dieu, c’est la loi ; je n’en ai pas d’autre ! »