Isnard avait le tempérament d’un sombre et violent dévot. Il l’était alors à la Loi, à la Raison, qui elle-même est bien Dieu aussi. Tout à l’heure, sous l’impression de la terreur, nous verrons le même homme, environné de la mort, s’affaisser au mysticisme, puis, farouche dans la réaction, furieux dans le repentir, attiser les flammes civiles par des paroles meurtrières qui ajoutèrent cruellement à toutes les fureurs du Midi.
L’Assemblée hésita à décréter l’impression de ce malencontreux discours et finalement la refusa. Mais, peu après, l’on put voir qu’elle en avait reçu l’esprit. Le 22 novembre, elle nomma quatre grands juges pour l’affaire de Caen ; le 25, elle créa un comité de surveillance ; les noms furent significatifs : d’abord Isnard et Fauchet, Goupilleau (de la Vendée), Antonelle (des Bouches-du-Rhône), des Jacobins violents, Grangeneuve et Chabot, Bazire et Merlin, Lecointre, Thuriot, etc.
Ce choix fait pressentir assez le décret qu’on va porter (29 novembre 1791) ; décret violent, passionné, qui fut reçu comme un défi du parti qu’il voulait frapper et n’eut d’autre effet que celui d’un appel à la résistance.
Ses considérants, remarquables par un grand appareil logique, partent du Contrat social, « qui protège, mais qui lie tous les membres de l’État ». Le serment, purement civique, est la caution que tout citoyen doit donner de sa fidélité à la loi. — Si le ministre d’un culte refuse de reconnaître