Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/357

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corrige et remédie, le pouvoir judiciaire, un tel État, dis-je, est perdu. Malheur à ceux qui, comme l’Assemblée constituante, abdiquent le glaive de justice ! Malheur à ceux qui, comme nous, par un respect superstitieux pour l’inamovibilité, le laissent à leurs ennemis ! La Révolution, jugée chaque jour par la contre-révolution, périrait dans un temps donné.

Le décret fait, bon ou mauvais, il restait de le respecter. Peut-être eût-il fait peu de mal si on en eût modifié, ralenti l’application, spécialement dans l’Ouest. Mais il provoqua dans Paris une fatale résistance de la part de la cour et des constitutionnels. Ceux-ci, exclus de toute action, même indirecte, sur l’Assemblée, furent ravis de lui faire obstacle. Ils étaient réfugiés dans un corps et dans un club, le club des Feuillants, le corps du département de Paris. L’un prépara, l’autre signa une protestation adressée au roi, où on le priait d’apposer son veto au décret relatif aux prêtres. Ne tenant nul compte des circonstances, restant dans les principes abstraits, paraissant croire qu’il s’agissait d’hommes inoffensifs et paisibles, faisant partout la confusion du prêtre et du simple citoyen, n’ayant pas l’air de soupçonner que le premier, investi d’une si dangereuse autorité, est plus responsable que l’autre, le directoire de Paris invoquait le veto du roi, comme si le roi, à cette époque, eût été vraiment une force. Mettre le roi devant les prêtres contre le courant qui venait,