direction vigoureuse de ses comités, mais d’une manière très diverse, selon l’état moral des provinces, qui différait infiniment.
Ces hommes ne se trouvaient guère, il est vrai, dans l’administration départementale, ni dans le pouvoir judiciaire, tous deux faibles, détendus, remis au hasard des élections, des influences locales. Spectacle étrange de ce grand corps de la France, non organisée encore, non centralisée. Le centre organique (je parle de l’Assemblée) pensait, voulait, menaçait ; mais, du centre aux extrémités qui devaient exécuter, il n’y avait qu’un lien incertain et infidèle ; l’Assemblée, dans son décret, disait bien qu’elle voulait lever le glaive ; pour lever, il faut une main ; or elle n’en avait pas.
C’était le triste spectacle d’un pauvre paralytique qui crie, menace de sa chaise, sans pouvoir bouger de là. S’il sortait de son impuissance, ce ne pourrait être que par une étrange révolution, un terrible accès de fureur.
La force manquant, la fureur vint au secours. N’ayant ni administration ni tribunaux à elle, la Révolution agit par les clubs, par l’appel à la violence, et elle réussit à agir, — en brisant tout et se brisant.
Tel est le sort d’un État imprévoyant qui n’a su organiser ni l’action ni la répression. Celui qui, n’ayant ni le commencement ni la fin, n’ayant point l’initiation morale et religieuse, la laissant au prêtre, n’a pas non plus dans sa main ce qui