Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/361

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de plus en plus, non dans les actes encore, mais dans les paroles, les menaces, le bouillonnement visible des cœurs.

Le 22 novembre, l’Assemblée écouta un rapport de Koch sur l’état menaçant de l’Europe, sur les vexations dont les citoyens français de l’Alsace étaient l’objet de la part des émigrés et des princes qui toléraient leurs rassemblements. Ces vexations, dénoncées à M. de Montmorin, l’avaient médiocrement ému ; il avait répondu en termes vagues et n’avait rien fait. L’Assemblée ne pouvait imiter cette indifférence. Le comité diplomatique demandait qu’on rappelât aux princes la constitution germanique, qui leur interdit tout ce qui peut entraîner l’Empire dans une guerre étrangère, et que le pouvoir exécutif prît des mesures pour les forcer à dissoudre ces rassemblements armés.

La question, resserrée par Koch, fut étendue par Isnard, replacée dans sa grandeur. C’était la question de la guerre. Il établit hardiment tout l’avantage qu’il y avait pour la France à forcer ses ennemis de se déclarer, et, s’il le fallait, à frapper les premiers coups.

« Élevons-nous dans cette circonstance à toute la hauteur de notre mission ; parlons aux ministres, au roi, à l’Europe, avec la fermeté qui nous convient. Disons à nos ministres que jusqu’ici la nation n’est pas très satisfaite de la conduite de chacun d’eux. Que désormais ils n’ont à choisir qu’entre la reconnaissance publique et la vengeance des