Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/364

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sées. La question présentée ainsi, il était facile à prévoir qu’on ne voulait point la dénouer, mais la garder comme un en-cas de guerre et la trancher par l’épée.

Le 14 décembre, le roi vint déclarer à l’Assemblée qu’il ne verrait qu’un ennemi dans l’électeur de Trêves, si, avant le 15 janvier, il n’avait dissipé les rassemblements armés. Il fut applaudi, mais sa popularité y gagna peu. Il ne s’expliquait pas sur l’étrange message de l’Empereur, qui occupait les esprits. Il annonçait qu’il ne s’écarterait jamais de la constitution, mais à l’instant il l’appliquait de la manière la plus propre à soulever l’indignation publique, en opposant son veto au décret rendu contre les prêtres (19 décembre 1791). L’indignation publique se tourna contre les Feuillants, dont les chefs conseillaient la cour. Des scènes violentes eurent lieu à leur club, et l’Assemblée décida qu’aucun club ne pourrait se réunir dans les bâtiments où elle siégeait.

Le décret contre les prêtres, le veto du roi, ce n’est pas moins que la guerre. C’est le point où la conscience rencontrant la conscience, le roi se posant juste à l’encontre du peuple, l’un ou l’autre sera brisé.

Et sur cet orage bas, lourd, sombre, de la lutte intérieure, plane l’orage lumineux, grandiose, de la guerre européenne qui se prépare en même temps. Il détone de moment en moment, avec des éclats sublimes.