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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/370

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de l’une, sous la persévérance admirable de l’autre, il y avait un défaut commun, disons-le, un ridicule. Tous deux, ils écrivaient toujours, ils étaient nés scribes. Préoccupés, on le verra, du style autant que des affaires, ils ont écrit la nuit, le jour, vivant, mourant ; dans les plus terribles crises et presque sous le couteau, la plume et le style furent pour eux une pensée obstinée. Vrais fils du dix-huitième siècle, du siècle éminemment littéraire et bellétriste, pour dire comme les Allemands, ils gardèrent ce caractère dans les tragédies d’un autre âge. Madame Roland, d’un cœur tranquille, écrit, soigne, caresse ses admirables portraits, pendant que les crieurs publics lui chantent sous ses fenêtres : « La mort de la femme Roland. » Robespierre, la veille du 9 Thermidor, entre la pensée de l’assassinat et celle de l’échafaud, arrondit sa période, moins soucieux de vivre, ce semble, que de rester bon écrivain.

Comme politiques et gens de lettres, dès cette époque, ils s’aimaient peu. Robespierre, d’ailleurs, avait un sens trop juste, une trop parfaite entente de l’unité de vie nécessaire aux grands travailleurs, pour se rapprocher aisément de cette femme, de cette reine. Près de Madame Roland, qu’eût été la vie d’un ami ? Ou l’obéissance ou l’orage. L’humble maison des Duplay lui allait bien mieux. Là il était roi lui-même, que dis-je ? dieu plutôt, l’objet d’une dévotion passionnée. Toutefois, revenant d’Arras, il ne put y rentrer encore ; il ramenait sa sœur, la fière demoiselle Charlotte de Robespierre, qui