rations passées viennent se presser dans ce temple pour vous conjurer, au nom des maux que l’esclavage leur fit éprouver, d’en préserver les générations futures, dont les destinées sont entre vos mains. Exaucez cette prière ; soyez à l’avenir une nouvelle Providence ; associez-vous à la Justice éternelle qui protège les Français. En méritant le titre de bienfaiteurs de votre patrie, vous mériterez aussi celui de bienfaiteurs du genre humain. »
La sublime douceur de ces paroles contraste fort avec l’ardeur extrême de la lutte qui se poursuivait dans la presse et aux Jacobins. Elle s’était animée encore, sous l’action d’un jeune homme, d’une facilité singulière, sans adresse ni mesure, Louvet, auteur de Faublas. Plusieurs le disaient aussi le héros de son roman ; et, en effet, ce belliqueux Louvet, l’ardent champion de la guerre, était un petit homme blond, d’une figure douce et jolie, qui sans doute, comme Faublas, eût pu passer pour une femme. Auteur d’un roman immoral, par contraste il fut en réalité le modèle du fidèle amour ; sa Lodoïska, qu’il a rendue célèbre, lui sauva la vie en 1793, et plus tard Louvet mourut de chagrin pour quelques plaisanteries insultantes dont elle avait été l’objet.
Louvet, après mainte aventure, possédait en 1792 sa Lodoïska et vivait heureux. Il ne hasarda pas moins ce bonheur. Le courageux petit homme s’attaqua à Robespierre, d’une façon vive et provocante, toutefois respectueuse encore, et comme on attaque un