grand citoyen. Celui-ci n’en fut pas moins aigri de se voir, aux Jacobins mêmes, en son royaume, discuté, contesté, contredit par le jeune auteur de Faublas, leste combattant, qui, multipliant les attaques, faisant assaut de partout, frappait cent fois Robespierre avant qu’il se fût tourné.
Il ne s’en prenait pas à Louvet, mais à Brissot. Et sa haine allait croissant. Brissot lui lançait Louvet. Et lui à Brissot il lança aux jambes un dogue, Camille Desmoulins.
On venait justement, aux Jacobins, d’obliger les deux adversaires, Robespierre et Brissot, de se rapprocher et de s’embrasser. Le vieux Dussault, qui provoqua cette fausse paix, pleurait de tendresse. Robespierre toutefois protesta qu’il continuerait la lutte, « son opinion ne pouvant être subordonnée aux mouvements de sa sensibilité et de son affection pour M. Brissot ». Ce mot d’affection fait frémir.
Desmoulins avait eu le tort de défendre, comme avocat, je ne sais quel intrigant, suppôt d’une maison de jeu. Brissot, qui affectait le puritanisme plus qu’il n’avait le droit de le faire, l’en avait aigrement repris. Le moment était excellent pour lancer le colérique écrivain contre son censeur imprudent. Desmoulins alla chercher dans la vie de Brissot et trouva sans peine. Celui-ci, avant la Révolution, toujours famélique, avait été aux gages des libellistes français d’Angleterre. Il avait eu, comme tous les gens de lettres de l’époque, quelque affaire d’indélicatesse ; par exemple, il avait reçu des souscriptions