le ministre des affaires étrangères, Dumouriez, qui sortait du conseil et venait apprendre à Roland sa nomination. Dumouriez les étonna, en assurant « que le roi était sincèrement disposé à soutenir la constitution ». Ils regardèrent attentivement l’homme qui parlait ainsi.
C’était un homme assez petit, qui avait cinquante-six ans, mais qui paraissait avoir dix ans de moins, leste, dispos et nerveux. Sa tête, fort spirituelle, où brillaient des yeux pleins de feu, révélait sa véritable origine, la Provence, d’où venait sa famille, quoiqu’il fût né en Picardie. Son visage avait les teintes brunes d’un militaire éprouvé, non sans nobles cicatrices. Et, en effet, Dumouriez, hussard à vingt ans, s’était fait sabrer, tailler en pièces, en se défendant à pied contre cinq ou six cavaliers, ne voulant pour rien se rendre. Il n’en avait pas moins langui dans les grades inférieurs ; gentilhomme, il n’était pas de la noblesse de cour, la seule qui fût favorisée. Il se jeta dans les voies obliques, dans la diplomatie spéciale que Louis XV entretenait à l’insu de ses ministres, diplomatie secrète, médiocrement honorable, qui avait certaine teinte d’espionnage. Sous Louis XVI, Dumouriez se releva fort, en se consacrant à un noble et grand projet dont il fut le premier agent : la fondation de Cherbourg.
Personne n’avait plus d’esprit, plus de connaissances dans les genres les plus différents, plus d’habiletés diverses. À quoi les appliquerait-il ? Le