lière, ne furent pas mis à la potence ; on les envoya à Brest ramer pour le roi. Cette rigueur ne suffit pas. Sur des prétextes futiles, pour avoir chanté Ça ira ! ou bu le 14 juillet, les magnifiques seigneurs enlevaient leurs sujets vaudois et les jetaient dans les caves de l’affreux château de Chillon, au-dessous du niveau du lac, avec les rats et les serpents.
Le 30 septembre 1791, sur l’amphithéâtre solennel qui domine le lac et Lausanne, qui regarde la Savoie et toute la chaîne des Alpes, un tribunal fut dressé, où siégèrent, bouffis d’insolence, les députés de l’Ours de Berne. Là, parmi les insultes et les risées des soldats, les magistrats humiliés du pays de Vaud, de Lausanne, Vevey, Clarens, vinrent faire amende honorable et reçurent, tête basse, les menaces et les affronts. Et pourquoi cette fureur ? Il faut le dire, la vraie raison, c’est que ces Vaudois sont la France. C’était une petite France, impuissante et désarmée, que l’insolence allemande faisait paraître à ses genoux.
Et elle n’avait pas tort, peut-être, d’être irritée. Qui plus que la France vaudoise a contribué à la Révolution ? N’est-ce pas de cette population énergique et simple, de ces lieux sublimes, que partit l’inspiration de Rousseau, ce puissant élan de cœur qui a emporté le monde ? Ah ! ces lieux sont coupables à jamais devant les ennemis de la liberté !
Quand l’Assemblée brisa les fers des soldats de Châteauvieux, il y eut, indépendamment du vif esprit de parti, un élan singulier de générosité, de