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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/436

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pas un homme, ce n’est pas un masque, c’est un mur de pierre du Spielberg. Moins fixe et muet le cachot où, pour briser le cœur des héros de l’Italie, il les forçait, par la faim, de tricoter comme des femmes. Et cela « dans l’intérêt de leur amélioration, pour le remède de leur âme ». C’est la réponse invariable qu’il donnait à la sœur d’un des captifs, qui, tous les ans, faisant en vain le long voyage de Vienne, venait pleurer à ses pieds.

Voilà l’ennemi de la France. En avril, il charge Hohenlohe, son général, de s’entendre avec celui de l’armée de Prusse, le duc de Brunswick. Par son ordre, son ministre, le comte de Cobentzel, associé au vieux Kaunitz, écrit une note courte, sèche et dure, où, sans calculer ni la situation ni la mesure du possible, il dénonce à la France l’ultimatum de l’Autriche : 1o satisfaire les princes allemands possessionnés dans le royaume, autrement dit reconnaître la suzeraineté impériale au milieu de nos départements, subir l’Empire en France même ; 2o rendre Avignon, le grand passage du Rhône, de sorte que la Provence soit de nouveau démembrée comme autrefois ; 3o rétablir la monarchie sur le pied du 23 juin 1789 et de la déclaration de Louis XVI, ainsi rétablir, comme ordres, la Noblesse et le Clergé.

« En vérité, dit Dumouriez, quand le cabinet de Vienne aurait dormi trente-trois mois, depuis la séance de juin 1789, sans avoir encore appris la prise de la Bastille ni tout ce qui a suivi, il n’aurait