Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/437

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pas fait des propositions plus étranges, plus incohérentes avec la marche invincible qu’avait prise la Révolution. »

Et cette note n’était pas seulement celle de l’inepte et bigote Autriche ; elle exprimait en même temps la pensée du gouvernement qui se croyait à l’avant-garde du progrès de l’Allemagne, du gouvernement philosophe et libéral qui avait encouragé la résistance turque et la révolution polonaise, en même temps qu’il écrasait les libertés de la Hollande. Au fond, âpre, avide, inquiet, sans souci d’aucun principe, ce gouvernement prussien, s’exagérant beaucoup sa force, se croyait en mesure de pêcher partout en eau trouble et portait à l’étourdie ses mains crochues de tous côtés.

Les troupes de la coalition s’approchent peu à peu de la France. Au centre, les Prussiens qui s’échelonnent dans la Westphalie, vers le Rhin. Aux deux ailes, les Autrichiens ; d’une part, ils vont augmentant leurs troupes des Pays-Bas ; de l’autre, ils se font appeler par l’évêque de Bâle, traversent le canton et vont mettre garnison dans le pays de Porentruy, occupant ainsi déjà une des portes de la France et pouvant, dès qu’ils voudront, envahir la Franche-Comté.

Le 20 avril 1792, le roi et le ministre entrent dans l’Assemblée nationale. Dumouriez, dans un long et lumineux rapport, démontre la nécessité où la France est de se regarder comme en état de guerre avec l’Autriche.