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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/457

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c’était une lettre de notre envoyé à Genève, qui se déclarait autorisé par le roi à prendre du service dans l’armée du comte d’Artois. Brissot concluait à l’accusation de Montmorin et voulait qu’on interrogeât Bertrand de Molleville et Duport-Dutertre. Pour Bertrand, ses Mémoires nous prouvent aujourd’hui qu’il n’y a jamais eu de défiance mieux méritée.

L’Assemblée eut la prudence d’ajourner. Elle voyait aux mains de la cour l’arme la plus dangereuse, la garde constitutionnelle, qu’il fallait d’abord briser. On supposait que cette garde pouvait ou frapper l’Assemblée ou bien enlever le roi ; six mille hommes, et de tels hommes, armés et montés ainsi, n’avaient qu’à agir d’ensemble, mettre le roi au milieu d’eux : il n’y avait nulle force dans Paris qui pût empêcher le coup.

Cette garde constitutionnelle allait toujours se recrutant d’éléments bizarres qui contrastaient avec ce nom. Tout doucement on y fourrait, parmi les bretteurs et maîtres d’escrime, parmi les gentilshommes bretons, vendéens, une recrue de fanatiques qu’on aurait appelés à une autre époque la fleur des Verdets du Midi. Il y avait particulièrement de furieux Provençaux, venant de la ville d’Arles, de la faction artésienne, trop connue sous le nom de la Chiffonne. Il y avait une élite de jeunes prêtres robustes, à qui l’Église, qui a horreur du sang, n’en avait pas moins permis de déposer la soutane pour prendre l’épée, le poignard et le pistolet.