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rale de la garde nationale de Paris. Elle devait la ménager fort, au moment où elle n’avait nulle autre force, pour consommer le licenciement de la garde du roi ; les piques n’étant pas encore organisées, ni le peuple armé, la garde nationale était tout. Le maire d’Étampes, Simoneau, ayant été tué, en s’opposant bravement à l’émeute, dans une affaire relative aux grains, sa mort fut l’occasion du plus grand enthousiasme pour tous ceux qui souffraient des troubles et voulaient le maintien des lois. On vota les honneurs funèbres ; Brissot fut pour, Robespierre contre. On soutint que Simoneau était un accapareur, qu’il avait mérité de périr. Cette fête de la Loi, comme on l’appela, fut mise en opposition avec la fête de la Liberté, célébrée en avril pour les soldats de Châteauvieux ; reproduite et ressassée dans toutes les accusations, on en fit un crime horrible dont on accablait la Gironde.

Le ministère mixte, fourni par la Gironde et Dumouriez, s’était désorganisé par suite de l’échec de Flandre, qui retombait sur Dumouriez et lui coûta un homme à lui, le ministre de la guerre, qu’il ne put couvrir assez. Il dut accepter à sa place un ministre tout girondin, le colonel Servan, militaire philosophe, ex-gouverneur des pages, écrivain sage, estimé, l’homme de Madame Roland, et qui ne bougeait pas de chez elle. Le public, voulant absolument qu’elle eût un amant, lui donnait Servan à cette heure ; et il en fut toujours de même de tous les hommes qui reçurent l’impulsion du cœur viril et