vingt mille volontaires. On connaissait leur enthousiasme, leur patriotisme. Cette petite armée d’ardents citoyens, planant sur Paris, neutralisait les forces irrégulières et secrètes qu’y tenait la cour. C’était une menace suspendue sur elle, une épée nue sur la tête des restaurateurs intrigants ou chevaleresques de la royauté, des Dumouriez et des La Fayette.
C’est ici qu’on voit éclater tout l’obscur de la calomnie tant répétée par Robespierre sur la prétendue alliance de La Fayette et des Girondins. De qui part la proposition qui devait rendre impossible les réactions royalistes et militaires de La Fayette ? De qui ? De Madame Roland, c’est-à-dire incontestablement du vrai génie de la Gironde.
Dumouriez se sentit frappé à ce coup imprévu, et il avoue qu’au premier conseil, son émotion fut si vive, et la dispute si âcre, que, sans la présence du roi, le conseil aurait fini d’une manière sanglante. — « Eh bien, dit Clavières (le ministre girondin des finances), si Servan, pour tout arranger, retirait sa motion ? » — L’effet eût été terrible pour le roi et pour Dumouriez. Celui-ci sentit le piège, rejeta l’offre avec fureur, disant qu’en reculant ainsi on rendrait l’Assemblée plus ardente pour le décret, qu’on ameuterait le peuple, qu’au lieu de vingt mille hommes, il en viendrait quarante mille, sans décret, pour renverser tout ; qu’il savait bien le moyen de prévenir le danger. Son moyen, c’était peu à peu d’en débarrasser Paris, sous prétexte des besoins de la guerre, de les faire filer à Soissons.