Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/486

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tout homme et sur tout parti, Feuillants, Gironde, etc. J’abrège ses paroles. « Vous le voyez, je suis un homme en veste ; eh bien, je trouverais encore bien deux mille hommes… Je vous dirai, Messieurs, que vous vous occupez trop de personnalités. Toujours on vous voit agités pour des débats d’amour-propre, tandis que la patrie appellerait vos soins… Dimanche j’irai moi-même présenter pétition à l’Assemblée nationale. Et si je ne trouve pas de Jacobins pour venir avec moi, je la lirai moi-même… Nous ne sommes point sans sentiments, Messieurs, quoique nous soyons sans-culottes… Nous vous dirons, d’après J.-J. Rousseau : « La souveraineté du peuple est « inaliénable ». Tant que les représentants feront leur devoir, nous les soutiendrons ; s’ils y manquent, nous verrons ce que nous avons à faire… Et moi aussi, Messieurs, je suis membre du souverain ! » {Vifs applaudissements.)

Ainsi fut posé, au sein même des Amis de la constitution, le droit de la briser, l’imprescriptible droit du peuple de reprendre, au besoin, la souveraineté par l’insurrection.

Ce n’était nullement là la tradition jacobine. Le 13 juin, le jour où sortirent du ministère Roland et les Girondins, Robespierre craignit un mouvement, parla longtemps le soir pour obtenir que l’on s’occupât moins du ministère renvoyé. Il dit qu’il fallait se garder « des insurrections partielles qui ne font qu’énerver la chose publique ».

« Rallions-nous autour de la constitution… L’As-