Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/492

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que cette adresse fût envoyée aux départements, et par cette faveur elle semblait autoriser le mouvement du lendemain.

Tout le monde se faisait une fête d’y aller. Quelques-uns, plus prudents, disaient : « Mais si l’on tire sur nous ? » — Les autres s’en moquaient : « Et pourquoi ? disaient-ils ; Pétion sera là. »

Le directoire de Paris (La Rochefoucauld, Talleyrand, Rœderer, etc.) défendait le rassemblement, s’adressait pour l’empêcher à la garde nationale. Pétion, mieux instruit, savait que la garde nationale elle-même ferait dans les faubourgs une bonne partie du rassemblement. L’empêcher, c’était chose impossible, mais on pouvait le régulariser, le rendre pacifique, en appelant sous les armes la garde nationale tout entière et la faisant marcher dans le mouvement même. C’est ce que proposèrent, le 19 à minuit, les administrateurs de police. Le directoire, convoqué à l’instant, refusa, ne voulant à aucun prix légitimer un rassemblement illégal. Mais il n’avait aucune force pour faire respecter ce refus.

Plusieurs sections n’en tinrent compte et autorisèrent les commandants de bataillon à conduire l’attroupement. D’autre part, le commandant général réunit et plaça plusieurs bataillons au Carrousel et dans les Tuileries. En sorte que la garde nationale était en danger de heurter la garde nationale et de renouveler l’affreuse affaire du Champ de Mars. C’est ce que redoutait Pétion, ce qu’il voulut éviter à tout prix.