artillerie n’était plus obéi de ses canonniers. Comme il voulait les emmener : « Nous ne partirons pas, dit le lieutenant ; le Carrousel est forcé, il faut que le château le soit… À moi ! canonniers, dit-il, en montrant de la main les fenêtres du roi, à moi ! droit à l’ennemi ! » Dès ce moment, les canons sont braqués sur le château.
Il était quatre heures. La foule restait là, dans le Carrousel, immobile, inoffensive, ne sachant ce qu’elle ferait. Mais voilà Santerre et Saint-Huruge qui, le défilé fini, arrivent de l’Assemblée : « Pourquoi n’entrez-vous pas ? » crient-ils à la foule. Tous alors, d’ensemble, poussent sur la porte ; on la frappe à coups redoublés ; elle est tout ébranlée ; elle tremble. On allait tirer dedans un coup de canon. Deux municipaux, voulant éviter une résistance inutile, ordonnèrent ou du moins permirent qu’on relevât la bascule qui tenait les deux battants. La foule se précipita.
Santerre, Legendre et Saint-Huruge étaient à la tête. Derrière eux venait un canon. Au pavillon de l’Horloge, au bas même de l’escalier, un groupe de gardes nationaux et de citoyens firent face courageusement, s’en prenant au seul Santerre : « Vous êtes un scélérat, vous égarez ces braves gens ; toute la faute est à vous… » Santerre regarda Legendre, qui l’encouragea des yeux. Alors, se tournant vers sa troupe, il dit ironiquement : « Dressez procès-verbal du refus que je fais de marcher à votre tête dans les appartements du roi. » Sans s’arrêter davan-