Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/499

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tage, la foule renversa tout, et tel fut son élan que, malgré sa pesanteur, le canon qu’on traînait se trouva en un moment monté au haut de l’escalier.

Le château ne présentait aucune défense. Les Suisses étaient à Courbevoie. La garde constitutionnelle, toujours payée et subsistant malgré le décret de licenciement, n’avait pas été convoquée. Deux cents gentilshommes au plus s’étaient rendus au château, n’osant même montrer d’armes, les cachant sous leurs habits. Évidemment le roi avait cru ce que Pétion disait et croyait lui-même, ce que l’un des Girondins, Lasource, avait de nouveau, une heure ou deux auparavant, affirmé dans l’Assemblée, ce que l’orateur du rassemblement avait expressément promis : Que l’on n’irait pas au château, ou, tout au plus, qu’on n’y enverrait la pétition que par une députation de vingt commissaires.

Quant aux gardes nationaux, ils n’avaient nulle envie de renouveler l’affreuse affaire du Champ de Mars, pour une royauté qu’ils croyaient, tout comme en jugeait le peuple, traîtresse et perfide. Ceux qui couvraient le château, vers le jardin, obtempérèrent sans difficulté aux prières de la foule, qui, en passant, leur demandait d’ôter aux fusils les baïonnettes. Ceux qui occupaient les postes de l’intérieur s’écoulèrent tranquillement.

Au même moment, les gendarmes, postés dans le Carrousel, mettaient leurs chapeaux à la pointe de leurs sabres et criaient : « Vive la nation ! »

Voilà donc la foule maîtresse. Elle est arrivée, avec