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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/503

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près de la fenêtre. Il s’y tint près de deux heures avec beaucoup de fermeté, une insensibilité complète aux menaces, une parfaite indifférence à son propre sort. Le sentiment qu’il avait de souffrir pour la religion lui donnait un calme admirable. Un officier lui ayant dit : « Sire, ne craignez rien », le roi prit sa main avec force, la mit sur son cœur et dit ce qu’auraient dit les premiers martyrs : « Je n’ai pas peur ; j’ai reçu les sacrements ; qu’on fasse de moi ce qu’on voudra. »

Ce moment de foi héroïque relève infiniment Louis XVI dans l’histoire. Ce qui lui fait un peu tort, c’est qu’à ce moment même (force vraiment singulière de l’éducation et de la nature !) les habitudes de duplicité royale reparurent en plusieurs choses. À tous ceux qui l’apostrophaient, il répondait : « Qu’il ne s’était jamais écarté de la constitution », se réfugiant dans la littéralité judaïque d’un acte dont il faussait l’esprit. Bien plus, un des assistants lui présentant de loin, au moyen d’un bâton, le bonnet de l’égalité, le roi, sans hésitation, étendit la main pour le prendre. Puis, apercevant une femme qui tenait une épée ornée de fleurs et d’une cocarde tricolore, le roi demanda la cocarde et l’attacha au bonnet rouge… Cela toucha fort le peuple. Ils crièrent de toutes leurs forces : « Vive le roi ! vive la nation ! » Et le roi, avec les autres, criait : « Vive la nation ! » et levait son bonnet en l’air. — Il amusait ainsi la foule et refusait obstinément la sanction des décrets.

L’Assemblée avait enfin appris la situation du roi.