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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/522

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terre condamnée, passaient à l’autre rive. Le commandant de l’artillerie du Rhin déserta, emmenant plusieurs de ses meilleurs soldats.

En Flandre, c’était bien pis. Le vieux soudard Luckner, ignorant, abruti, était le général de la Révolution. Il avait quarante mille hommes, contre deux cent mille qui arrivaient. Les corps de volontaires montraient, il est vrai, le plus brûlant enthousiasme. On ne contenait leur fougue qu’en les menaçant de les renvoyer chez eux. Mais tout cela était sans habitude militaire, fort peu discipliné. Luckner n’avança que pour reculer. Il prit Courtrai et deux autres places ; il réussit assez pour compromettre les infortunés amis de la France ; puis il lui fallut se retirer devant des forces supérieures. Un de ses officiers, en se dégageant, laissa, pour mémoire du passage des nôtres, un cruel incendie où disparurent les faubourgs de Courtrai.

Voilà les nouvelles douloureuses qui venaient frapper Paris coup sur coup. Et le péril était peut-être plus grand à l’intérieur. Deux choses y éclataient, qui sont précisément la mort du corps politique. Le centre n’agissait plus, ne voulait plus agir. Non seulement on n’envoyait aux armées ni armes ni approvisionnements, mais les lois mêmes de l’Assemblée on ne les expédiait point aux départements, on n’en instruisait point la France. D’autre part, les extrémités, laissées à elles-mêmes, voulaient et agissaient à part. Les Bouches-du-Rhône, par exemple, s’avisèrent de retenir, de lever des contributions,