homme de mots et de discours, nullement d’action. Sorti de la noble Constituante, d’une assemblée essentiellement parleuse, académique, il en gardait le caractère. La place aussi de maire de Paris, cette place qui appelle sans cesse à représenter, semblait toujours paralyser celui qui la remplissait. Pétion n’était guère moins que Bailly, son prédécesseur, majestueux, froid et vide, une cérémonie vivante. Vain comme lui et plus avide encore de popularité, tous ses discours se résument à peu près par les mots qu’il dit au 20 juin et qu’il répétait toujours : « Peuple, tu as été sublime… Peuple, tu as assez fait, tu as mérité le repos… Peuple, retourne à tes foyers. »
Nulle force individuelle n’aurait jamais mis cette idole en mouvement. Pour la soulever de son inertie, la lancer dans l’accusation du roi, comme on va voir tout à l’heure, il ne fallait pas moins qu’une de ces grandes marées de l’océan populaire qui le fait sortir de son lit par un mouvement invincible, emporte tout sur sa vague, les pierres même inertes et pesantes.
Répétons-le, nul en particulier ne peut se vanter du 10 août, ni l’Assemblée, ni les Jacobins, ni la Commune. Le 10 août, comme le 14 juillet et le 6 octobre, est un grand acte du peuple.
Acte d’énergie, de dévouement, de courage désespéré, partant moins général que les deux précédents ; — mais, si l’on considère le sentiment universel d’indignation qui l’inspira, on peut le