sussent mourir ». Rebecqui, autre Marseillais, avait été les recruter, les choisir lui-même. Il ne faut pas oublier que, depuis deux ou trois ans, la guerre, sous diverses formes, existait dans le Midi. Les émeutes de Montauban, de Toulouse, le meurtrier combat de Nîmes en 1790, la guerre civile d’Avignon en 1790 et 1791, les affaires d’Arles, d’Aix, la dernière surtout où les gardes nationales avaient désarmé un régiment suisse, tout cela avait exalté dans ces contrées l’orgueil militaire, l’amour des combats, la furie de la Révolution. Rebecqui et ses Marseillais étaient alliés et amis du parti français d’Avignon ; ils en considéraient les crimes comme d’excusables représailles. Les cinq cents hommes de Marseille, qui n’étaient point du tout exclusivement Marseillais, étaient déjà, quoique jeunes, de vieux batailleurs de la guerre civile, faits au sang, très endurcis ; les uns, rudes hommes du peuple, comme sont les marins ou paysans de Provence, population âpre, sans peur ni pitié ; d’autres, bien plus dangereux, des jeunes gens de plus haute classe, alors dans leur premier accès de fureur et de fanatisme, étranges créatures, troubles et orageuses dès la naissance, vouées au vertige, telles qu’on n’en voit guère de pareilles que sous ce violent climat. Furieux d’avance et sans sujet, qu’il vienne un sujet de fureur, vous retrouverez des Mainvielle, que rien ne fera reculer, non pas même la Glacière.
Une chose, si l’on peut dire, les soutenait dans leurs colères et les rendait prêts à tout : c’est qu’ils