Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/550

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Pour guérir les maux de la France, il faut les attaquer dans leur source et ne pas perdre un moment. » — Suivent les crimes de Louis XVI, ses projets sanguinaires contre Paris, les bienfaits de la nation envers lui, son ingratitude, le détail des entraves qu’il met à la défense nationale, l’insolence des autorités départementales qui se font arbitres entre l’Assemblée et le roi et voudraient mettre la France en république fédérative… « Nous aurions désiré pouvoir demander seulement la suspension momentanée de Louis XVI ; la constitution s’y oppose. Il invoque sans cesse la constitution ; nous l’invoquons à notre tour et nous demandons la déchéance… Il est douteux que la nation puisse se fier à la dynastie ; nous demandons des ministres nommés hors de l’Assemblée, par le scrutin des hommes libres, en attendant que la volonté du peuple, notre souverain et le vôtre, soit légalement prononcée en Convention nationale. »

Il y eut un grand silence. La pétition fut renvoyée à un comité. La question de la déchéance fut ajournée au jeudi 9 août. Ceci n’était plus une furie de populace, une bravade de fédérés. C’était la grande Commune qui prenait l’avant-garde, sommait l’Assemblée de la suivre. C’était le roi de Paris qui venait dénoncer le roi. Dans l’état de misère, de sourde fureur où était la population, on pouvait craindre que la péroraison d’une telle harangue ne fût l’assaut des Tuileries, que les mots ne fussent des actes, que la cause de la liberté, au lieu de