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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/551

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se décider par les batailles du Rhin, ne fût remise au hasard d’une émeute de Paris.

La séance du soir fut courte. On rentra chez soi, on consulta les siens. C’est dans ces grandes circonstances que les hommes, incertains, flottants, suivent, sans bien s’en rendre compte, l’influence de leurs entourages, de leurs affections. Quand la lumière de l’esprit vacille, on cherche celle du cœur. Il serait intéressant de savoir, en cette occasion, quelle fut la table du soir pour les grands chefs d’opinion, ce que fut ce soir là Robespierre à la table des Duplay, Vergniaud chez Madame Roland ou Mlle Candeille. Autant qu’on peut conjecturer, soit par crainte pour la liberté qui pouvait périr en une heure, soit par instinct d’humanité, au moment de voir le sang couler, tous furent incertains ou reculèrent à l’apparition prochaine du terrible événement.

Robespierre ne dit rien le soir aux Jacobins, et très probablement s’abstint d’y aller, pour n’exprimer nulle opinion sur les mesures immédiates qu’il convenait de prendre. Il laissa passer le jour, ordinairement décisif dans les révolutions de Paris, le dimanche (5 août). Il se tut le 3, il se tut le 4 et ne recouvra la parole qu’après que ce jour fut passé, le lundi 6 août.

Pour la Gironde et les amis des Roland, qui étaient dans l’action même, ils ne s’abstinrent pas, mais se divisèrent. La Gironde proprement dite, sa pensée, Brissot, sa parole, Vergniaud, redoutaient