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l’insurrection. Les amis des Girondins, le jeune Marseillais Barbaroux, l’appelaient et la préparaient. Rien n’indique de quel côté pencha Madame Roland.

On ne peut ici accuser personne. Il y avait lieu vraiment d’hésiter et de réfléchir. Il y avait à parier que la cour aurait le dessus si l’on hasardait le combat. La Gironde avait provoqué, ordonné l’organisation de l’armée des piques, mais elle commençait à peine. Rien n’était moins discipliné, moins exercé, moins imposant que les bandes des faubourgs. Les fédérés mêmes, quoique braves, étaient-ils de vrais soldats ? Pour l’armée des baïonnettes, la garde nationale, il était infiniment probable qu’une grande partie ne ferait rien, et qu’une autre, très nombreuse, serait contre l’insurrection.

L’attaque des Tuileries n’était point chose facile. Le château, du côté du Carrousel surtout, était un fort redoutable. Il n’y avait pas de grille comme aujourd’hui, point de grand espace libre ; mais trois petites cours contre le château, fermées de murs, dont les jours donnaient sur le Carrousel et permettaient de tirer fort à l’aise sur les assaillants. Ceux-ci parvenaient-ils à pénétrer, ils étaient perdus, ce semble ; ces trois cours étaient trois pièges, justement comme cette cour du château du Caire où le pacha fit si commodément fusiller les Mameluks. Une fois là, on devait être criblé des fenêtres, foudroyé de tous côtés.

La garnison était très sûre. Elle devait, outre