sérieux, qui, au moment de briser le trône, faisait hésiter la Gironde ; il était fondé dans la vieille superstition, absurde, mais trop réelle, et qu’on ne pouvait méconnaître : « Les hommes attachent au mot de roi une vertu magique qui préserve leur propriété. »
À cette idée ajoutez un sentiment, naturel à l’aspect de la fureur qu’on voyait gronder dans le peuple : la crainte d’une grande et terrible effusion de sang humain, qui renouvelât la Glacière, calomniât la liberté, déshonorât la France. On apprit qu’à Marseille un contre-révolutionnaire avait été égorgé par le peuple. À Toulon, chose déplorable, fatale aux amis de la liberté, c’était la loi elle-même, je veux dire ses principaux organes, sur lesquels on avait porté le couteau. Le procureur général syndic (nous dirions préfet) du département, quatre administrateurs, l’accusateur public, un membre du district, d’autres citoyens encore, avaient été massacrés. Si de telles choses arrivaient si loin, contre des magistrats secondaires dont la responsabilité ne pouvait être bien grande, que serait-ce contre le roi ? Que serait-ce ici, à Paris, où depuis si longtemps les Marat et les Fréron demandaient des têtes, du sang, des supplices atroces, des mutilations, des bûchers ?…
Un fait révélé plus tard montre assez combien ceux mêmes qui se mettaient en avant, Pétion et autres, étaient effrayés sur le caractère de meurtrière violence qu’allait prendre la Révolution. Duval