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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/555

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d’Espreménil celui qui l’avait jadis commencée dans le Parlement, mais depuis fol et furieux dans le sens contraire, ayant parlé indiscrètement pour la cour dans le jardin des Tuileries, fut reconnu, poursuivi de la foule, frappé, maltraité ; bientôt tous ses vêtements leur restaient aux mains ou tombaient sur lui en lambeaux sanglants. Il traversa, vivant encore, le Palais-Royal, se jeta heureusement dans la Trésorerie, qui était en face. On ferma les portes. La foule rugissait autour, allait les forcer. La pauvre petite femme de Duval (il venait de se marier) parvint à traverser tout, voulant mourir avec lui. On alla chercher bien vite le maire de Paris. Pétion vint en effet, entra, vit sur un matelas un spectre pâle et sanglant. C’était Duval, qui lui dit : « Et moi aussi, Pétion, j’ai été l’idole du peuple… » Il n’avait pas fini ces mots que, soit l’excès de la chaleur, soit terreur et pressentiment trop vrai de sa destinée prochaine, Pétion s’évanouit.

Oui, il y avait lieu de songer, à la veille du 10 août, Ce n’était pas seulement la Gironde qui hésitait, c’étaient d’excellents citoyens, Cambon par exemple, qui ne tinrent à la Gironde que fort indirectement, qui n’en eurent nullement l’esprit et ne connurent d’autre sentiment que l’intérêt de la France. Le 4 août, Cambon obtint que l’Assemblée demandât à sa commission des Douze un rapport « pour rappeler le peuple aux vrais principes de la constitution ». Cette commission y travailla immédiatement, et Vergniaud vint, en son nom, séance