contre les Lameth ; naguère, à deux heures de distance, il serrait la main de La Fayette et pleurait pour Robespierre. Ce n’était pas la hardiesse d’esprit, ni l’initiative qui lui manquait. Il en prit une grande et belle en 1789, celle de l’appel aux armes, celle de la république. Il trouvait du premier coup, l’admirable enfant, le mot même de la vérité. Puis le cœur venait, faible, mobile, les influences d’amis ; il s’en allait consulter ceux qu’il aimait ou admirait, et n’en rapportait que doute.
Il ne quitte son premier maître que pour en chercher un autre. Toujours il lui faut un oracle, quelqu’un qui lui parle d’en haut, qui prenne sur lui autorité. Ces oracles cependant, ces grands tacticiens politiques, malgré leurs formes altières et tranchantes, ne le laissent pas moins suspendu entre le oui et le non. Ils consultent moins le droit, moins la situation générale que leur moment personnel, regardant s’il est bien temps d’avancer ou de reculer, attendant, louvoyant, épiant les courants de l’opinion, pour se faire porter par eux, en paraissant les conduire.
L’habileté que montrèrent Danton et Robespierre à parler toujours sans se déclarer pour ou contre la république est fort remarquable. La voix tonnante de l’un, le dogmatisme de l’autre, semblaient devoir les compromettre ? Nullement. Tous deux regardent attentivement les Jacobins, n’avancent que pas à pas. Il fallait voir ce que ferait cette puissante société, attendre ce que penseraient les sociétés affiliées