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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/73

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laissait le plus de liberté à l’individu. La liberté de Sieyès, celle qu’il voulait pour lui, pour les autres, c’était cette liberté passive, inerte, égoïste, qui laisse l’homme à son épicurisme solitaire, la liberté de jouir seul, la liberté de ne rien faire, de rêver ou de dormir, comme un moine dans sa cellule ou comme un chat sur un coussin. Pour cette liberté-là, il fallait une monarchie. Force étrange de l’égoïsme ! le mathématicien politique, qui ne parlait que de calculer toute l’action sociale, se remettait, faute de cœur, au gouvernement monarchique, c’est-à-dire au hasard de l’individualité et de la nature, que personne ne peut calculer. Cette monarchie, il est vrai, était une certaine monarchie, un mystère qu’on n’expliquait pas. Sieyès s’entendait tout seul ; son monarque était une espèce de dieu d’Épicure, qui n’avait nulle action, mais seulement un pouvoir d’élire. Dès cette époque, il avait en pensée le système singulier qu’il proposa à Bonaparte et dont celui-ci se moqua.

La Fayette, outre Sieyès, outre La Rochefoucauld et tous les amis qu’il avait encore dans sa caste, La Fayette avait près de lui un autre avocat, bien puissant, de la royauté. Il s’agit de Mme de La Fayette, épouse accomplie, vertueuse, aimante, mais dangereuse à son mari par sa véhémence dans la dévotion et le royalisme. Née Noailles, elle ne partageait nullement l’élan révolutionnaire de quelques-uns de ses parents. Elle était étroitement unie aux dames de Noailles et d’Ayen, d’une piété ardente, comme il parut à leur mort, en 1794. Ces dames fréquentaient